La loge de Commentry en 1850 et 1851

 

Plan de Commentry vers 1850 (IGN).

On y distingue le lieudit La Bouege (ou La Bouige), futur centre ville où résident déjà certains membres de la Loge.

          Lexistence de cette loge, dont le nom ne nous est pas parvenu, nous est connue par deux arrêtés préfectoraux interdisant sa création et son affiliation au Grand Orient de France. Les éléments suivants proviennent essentiellement de louvrage de Georges Rougeron « Histoire de Commentry et des commentryens », publié en 1987 aux Editions des Cahiers Bourbonnais. Sa sociologie se révèle très différente de celle du  « Phénix » de Montluçon à la même époque : ici, pas de professions libérales, mais une forte proportion de travailleurs manuels. Après le coup d'Etat du 2 décembre 1851, au moins quatre membres seront inquiétés par la répression de l'opposition républicaine par le régime impérial.

          Les neuf frères connus appartenaient à la loge « L’Humanité » de Moulins. Il s'agissait de :

            Pierre CROMARIAT a 34 ans en 1851, il est chaudronnier.

            Philippe DUBOUSSET est né le 22 avril 1818 à Echassières. Il est marchand de nouveautés (également cafetier en décembre 1851) et réside à Montluçon lors de son mariage en 1845. Lorsqu'il décède en 1887, il bénéficie d'une petite rente en tant que victime du coup d'Etat de décembre 1851.

           Jean HEUILLARD est né le 21 mars 1821 à Tronget, et décédé le 30 août 1864 à Montluçon. Il est maitre charpentier. Il a épousé en 1849 Marie Victoire SIMARD, sœur de Victor SIMARD. Il est condamné en 1852 en tant qu'opposant à l’Empire.

            Gabriel LAROCHE a 29 ans en 1851, il est forgeron.

            Gervais PETIT est né le 18 décembre 1821, et décédé le 12 mars 1901, à Commentry. En 1851, il y est marchand de vins. Il est le seul membre natif de Commentry que nous ayons retrouvé. Cela s’explique par l’essor soudain de la ville avec le développement rapide des industries minières et sidérurgiques après l’ouverture du canal de Berry, et ayant entrainé un afflux massif de population. 

           Maur (dit Maurice) PURET, marchand horloger est né vers 1815. Il réside à Montluçon pendant la décennie 1840. Opposant à l’Empire, il est condamné en 1852 à la déportation en Algérie, mais semble avoir réussi à s'enfuir.

            René RABET a 25 ans en 1851, il est ajusteur mécanicien.

           Victor SIMARD est né le 31 octobre 1816 à Saint-Péray (07). Il est chef de fabrication à la Forge. Il est le beau-frère de Jean HEUILLARD. Opposant à l’Empire, il est condamné par contumace en 1852 à la déportation en Algérie. Avec son beau-frère, il parvient à se réfugier à Guernesey. Il est finalement gracié par des actes en date du  11 décembre 1852 et du 12 janvier 1853.

            Louis VERY est né vers 1816-1817. Il est limonadier. En 1851, le café Véry était très fréquenté par les sympathisants républicains.

            Une première lettre est expédiée au préfet le 8 février 1850. Mais la France est devenue très conservatrice, et un arrêté préfectoral interdit la constitution de la loge le 12 juillet 1850. Une nouvelle tentative est faite en 1851, et malgré l’avis favorable du sous-préfet, la demande est rejetée de façon définitive.